Peter Seewald répond au Corriere della Sera (traduit par Benoît-et-moi) :
«Dès son premier geste, la prière pour Benoît XVI, le nouveau pape a montré qu'il voulait se placer dans le sillage de son prédécesseur. Même le choix de son nom le confirme. Après Benoît vient François. Tous deux sont les grands, vrais réformateurs de l'Église, chacun à son époque, chacun à sa manière. Une véritable réforme ne se mesure pas, en effet, sur des critères terrestres, comment le soutiennent de nombreux médias aujourd'hui, mais elle vient de la foi de l'Église. Joseph Ratzinger est, du reste, un grand admirateur de saint François, qui était radicalement opposé à l'esprit de son temps. Comme cardinal, il me confia en 2000, au cours de nos conversations à Monte Cassino pour le livre "Voici quel est notre Dieu", que François d'Assise avait, dans une grande crise, fait quelque chose de décisif: rester du côté de l'Église. Le nom de François est déjà tout un programme. L'Eglise, disait Ratzinger à propos de ce grand saint, avait besoin d'un renouveau charismatique de l'intérieur, d'une nouvelle flamme de la foi et pas seulement de la connaissance de l'administration et de l'ordre politique. Et cela est aussi vrai aujourd'hui». [...]
«Le pape Benoît a préparé le terrain et ouvert la route. François va continuer à la suivre, en donnant la priorité à la nouvelle évangélisation, à la révélation du message de l'amour et de la fraternité. On pourrait peut-être dire que Jean-Paul II a maintenu et stabilisé dans la tempête le navire de l'Eglise. Benoît XVI a purifié ce navire, il a instruit l'équipage et l'a ramené sur la bonne route. François va mettre en marche les moteurs et mener le navire dans la mer de notre temps. Ce ne sera pas facile."
Avez-vous parlé récemment avec Benoît XVI? Donnera-t-il encore sa contribution pour tracer l'avenir de l'Eglise?
«Benoît XVI s'est imaginé comme la fin de l'ancien et le début du nouveau. Pour ainsi dire, il a construit un pont. Ce ne sera pas un retraité qui se consacre au jardinage. "Je ne suis pas descendu de la croix", furent ses paroles. Avec la foi, la méditation et la prière, il nous donnera un exemple de ce qui qui nous manque tellement aujourd'hui, à l'Eglise et à nous. Et si à présent il restera silencieux, n'oublions pas que, parfois, le silence peut faire beaucoup de bruit».
Source : le salon beige